Projet intergénérationnel – recueil de témoignages

Auteur
stardeuche
Publié le
19 janvier 2009
Mise à jour le
18 avril 2020

En parallèle du raid, les membres de la jeune association STARDEUCHE travaillent sur un autre projet afin de partager leur passion de la 2CV. Voilà l’idée : on va recueillir des témoignages sur l’époque de la 2CV auprès des générations plus âgées, qui ont bien connu la période faste de la petite Citroën. Pour ce faire, l’association STARDEUCHE va rencontrer des personnes âgées en maison de retraite avec la 2cv 6 spéciale de 1986 de l’un des membres. Dans un premier temps on se déplacera à l’accueil de jour des Capucins de l’hôpital de Saint Brieuc. De plus, certaines personnes de notre entourage motivées par ce projet intergénérationnel nous ont fait part de quelques témoignages originaux. Pour lire ces anecdotes, dirigez vous ver la catégorie nos histoires de 2cv.

Ci dessous quelques articles de presse mettant en avant notre projet intergénérationnel :

Michèle, 65 ans :

Michèle a passé une partie de son enfance à Chambéry. Son père, professeur dans un institut pour sourd et muet, décide d’acheter une 2cv peu de temps après sa sortie commerciale en 1948. Il a dû attendre avec impatience près de trois ans avant d’obtenir sa première 2cv et l’a finalement obtenu au cours de l’année 1951 ou 1952. Avant l’achat de cette 2cv il roulait en Traction avant d’occasion, mais il lui reprochait son inconfort et son prix d’entretien élevé à l’époque. Avec la 2cv il appréciait son côté pratique, utile et surtout très économique et il était ravi d’acquérir cette nouvelle voiture. Il a même eu une idée d’évolution de la malle arrière afin d’augmenter sa capacité de chargement. Sa femme, propriétaire d’un commerce de livres anciens n’était pas satisfaite du coffre trop petit et vite rempli (elle ne pouvait pas transporter tous ses livres anciens). Pour remédier à ce problème, il trouve un carrossier qui leur fabrique une malle bombée en tôle acier et l’installe sur leur voiture en 1954. La mise en place de cette porte de malle est une modification prisée à l’époque par les propriétaires de 2cv. La porte malle de série sera intégrée aux 2cv en 1957.

Michèle a elle aussi eue une 2cv, en 1973, et elle appréciait sa tenue de route surtout sur les routes enneigées de montagne. Par contre, le temps d’adaptation a la pédale d’embrayage était assez long : « il fallait jongler avec les pédales ».
Au cours de cette même année, lors d »un accrochage avec une Renault 5, Michèle voit sa 2CV partir à la casse alors que la Renault 5 est à peine égratignée. Déçue, elle décide de s’acheter une Renault 5, apparemment plus solide. Elle plaisante toujours de cette anecdote en se demandant si elle aurait eu le même raisonnement si elle avait percuté un camion, aurait-elle acheté ce véhicule plus solide ensuite ?

Brigitte, 60 ans :

Brigitte réside dans la région de Grenoble. Dans les années 1970, elle était propriétaire d’une 2CV et elle appréciait avant tout sa simplicité mécanique. D’ailleurs avec ses amies, elle participait à des groupes de femmes qui organisaient entre elles des « cours de mécanique » sur les voitures de l’époque (4L, 4CV, 2CV). La 2CV représentait un nombre important des véhicules oscultés. Leur but était de s’approprier la 2CV et d’être autonome face à un éventuel problème mécanique sans passer par une aide masculine.

Armelle, 79 ans :

Les parents d’Armelle était commerçants et avaient réellement besoin d’une 2CV fourgonnette pour aller dans les campagnes, « c’était une nécessité quel que ce soit le coût ». Cependant, au début des années 50, les délais d’approvisionnement étaient très longs (3 à 5 ans). Le fait d’être commerçant donnait une priorité, si bien que, vers 1951, elle alla chercher une 2CV à l’usine de Paris, à « Quai de Javel », avec le « garagiste du pays ». Le trajet du retour lui permis de s’habituer à la conduite de ce nouveau véhicule.
Quand on lui demande combien de temps elle mit pour faire Paris-Saint Brieuc avec sa 2CV, elle ne s’en rappelle pas, puisque cela ne comptait pas pour elle : « c’était pas comme maintenant, on prenait son temps, c’était comme ça, y’avait pas le choix ». Néanmoins, elle n’avait pas eu besoin de dormir en route, elle avait fait le trajet en une seule journée.
Elle se souvient surtout des trajets pour aller à la Foire de Rennes : « les voisins n’avaient pas de voiture, ils savaient qu’on allait à la foire de Rennes tous les mois, alors ils nous demandaient de les emmener. On roulait environ une heure, on bavardait. » En plus des sièges de la voiture, on rajoutait des petits tabourets à l’arrière, pour emmener le plus possible de personnes. « C’était une expérience, mais tout le monde ne pouvait pas le faire, alors c’était déjà ça, c’est pour ça qu’il y avait du monde dedans ». Lors du départ, il fallait attendre tout le monde : « ce qui mettait mes parents en colère, c’est que les gens qu’on devait emmener étaient en retard ».

Joséphine, 80 ans :

Joséphine a appris à conduire sur une 2CV avec son père à la ferme. Elle a eu le permis du premiers coup en 1953, sans avoir besoin de prendre de cours d’auto-école, simplement en lisant le code. D’ailleurs, elle fut la deuxième femme du département à décrocher son permis. Ses parents, agriculteurs, n’avaient pas les moyens d’acheter un tracteur. La 2CV « était moins cher, ça faisait pas les travaux de labours, mais ça permettait d’emmener le matériel aux champs, de transporter des sacs de grains, ainsi que d’aller chercher le petit veau qui venait de naître ». La vache, voyant son petit partir, courrait derrière la 2cv. Vu l’usage utilitaire de la 2CV, les sièges arrières étaient toujours enlevés! « La 2CV passait vraiment partout, notamment à travers champs ». Et pour les labours, il y avait toujours les chevaux (les vrais chevaux!).

René, 80 ans :

René a eu plusieurs 2CV : pour lui c’était « une voiture du travail toute la semaine, et le dimanche, on mettait tout le monde dedans. On enlevait la banquette arrière pour faire un pique-nique. » La fixation de la banquette était facile à détacher pour s’en servir comme fauteuil de plein air dans l’herbe. A cette époque, René ne craignait pas de prendre des vacances, mais s’il avait pu, il aurait vraiment aimé faire des voyages en 2CV, et pourquoi pas partir en Tunisie. Il a hâte de voir le reportage du Raid en Tunisie.

Joseph, 84 ans, et Rosalie, 82 ans :

Joseph était facteur dans la région de Quintin. Avant que la Poste ne motorise ses facteurs, il roulait avec son vélo, environ 40 Km par jours, par tous les temps. En 1962, la Poste de Quintin lui attribua une 2CV fourgonnette.

En février 1962 « les services des PTT ont présenté les 3 fourgonnettes 2cv Citroën reçues le jour même dans la cour du bureau de quintin. Auprès d’elle, pose les préposés conducteurs » dont Joseph. Joseph se souvient que la poste de Quintin est alors la première du département à être motorisée.
Une fois au volant de la 2CV, sa femme Rosalie nous dit qu’elle s’attendait à le voir arriver du travail « tout pimpant ». Mais au contraire, à sa grande surprise, « il était plus fatigué qu’avant, car il avait deux fois plus de clients à distribuer pendant sa tournée » ! En plus, la forme bombée du siège conducteur rendait fatigants les nombreux aller et venues pour descendre et remonter dans la voiture. Joseph nous dit d’ailleurs avoir gardé des problèmes de hanche ! Ceci dit, il était nettement moins « mouillé » en rentrant à la maison, précise Rosalie. Par la suite, la Poste de Quintin s’équipa d’une 4L qui s’avéra plus confortable pour Joseph.

Néanmoins dans une des fermes de Saint Bihy, Joseph n’avait pas à descendre de sa fourgonnette car le berger allemand des propriétaires venait chercher le courrier directement dans les mains de joseph dès qu’il ouvrait sa portière.

De ces années passées à rouler en 2CV sur les routes de campagne, Joseph se souvient de nombreuses anecdotes. Par temps de neige, sa tournée se compliquait : la neige recouvrait totalement les routes et les fossés. Du coup, « on ne voyait même plus la route, ni le fossé ». Parfois, il se retrouvait dans le fossé avec sa petite Citroën. Heureusement, « on mobilisait tous les gens pour pousser la voiture ». « Tout autour des routes, c »était des fermes partout », alors souvent c’était un agriculteur avec son cheval qui le dépannait. « Même les femmes aidaient à pousser la voiture » lorsque le facteur tentait de monter les côtes de Lanfains sous la neige…

Marcel, 72 ans :

Le père de Marcel était plombier zingueur et n’avait pas de voiture. Il avait le permis militaire depuis l’armée, mais comme beaucoup de gens à l »époque, il n’avait pas les moyens de s’acheter une voiture. Il se déplaçait donc à vélo, avec tous ses outils et pièces détachées sous le bras (tuyaux, gouttières etc.). Après sa formation de mécano, Marcel a trouvé une 2CV qu’il a entièrement rénové pour faire la surprise à son père. Le jour où son père a trouvé la 2CV dans son garage à la place de son éternel vélo, il a été tellement surpris et touché du geste de son fils, qu’il en a pleuré. Mais, son permis militaire n’était pas valide, si bien qu’il a dû d’abord prendre quelques leçons de conduite. Une fois le permis en poche, il partait en déplacement dépanner ses clients en 2CV fourgonette, avec les gouttières sur le toît.

Marcel a lui aussi eu une 2Cv. Il habitait à Planguenoual et partait souvent à Paris en 2CV. Lors de ces voyages, il emmenait de nombreux légumes de la région (les fameux choux de Bretagne etc.), si bien que la voiture était très lourde et n’avançait pas, surtout dans les côtes. A l’époque, il lui fallait 12 heures pour aller à Paris, sur les routes de l’époque. Il se faisait souvent klaxonner, et il a même été arrêté par les gendarmes pour lenteur excessive! Marcel précise avec humour, qu’il n’emportait pas que des légumes à la capitale, il emmenait aussi la goutte locale, qu’il cachait dans les poireaux. Et une fois arrivé sur Paris, il craignait de conduire la ville, si bien qu’il délaissait la 2CV pour le métro.

Jeanne 84 ans :

Jeanne a eu aussi des 2cv, et une anecdote bien précise lui revient en mémoire avec une certaine nostalgie. Pour un rendez vous amoureux, Jeanne part rejoindre son ami sur la plage Bonaparte près de Plouha (22). En arrivant aux abords de la plage, pour impressionner son amoureux, Jeanne s’avance fièrement sur le sable avec sa 2cv. Mais, la marée étant basse, le sable est encore humide et la 2cv n’avance plus du tout. En sortant de la voiture elle découvre que sa 2cv est complètement enlisée dans le sable…et sous les yeux ébahis de son ami. Il a fallu l’aide des passants pour la sortir de ce mauvais pas.

André 84 ans :

André roulait en 4cv mais il préférait largement le bonne petite Citroën car elle était plus robuste, pas chère et plus facile à conduire. Elle passait partout et on pouvait mettre beaucoup de choses dedans. Le dimanche, André partait avec sa petite famille pour pique niquer à la mer. La 2cv était très pratique car il suffisait d’enlever la banquette arrière et la mettre sur le gazon pour profiter du plein air et du pique nique à son aise. Par contre sa 2cv était bien chargée puisqu’il conduisait sa femme, ses trois enfants et sa belle mère. Les enfants étaient à l’arrière et il devait faire attention au freinage lorsqu’il conduisait car, en cas de freinage brutal, les « petits » se cognaient contre la barre des sièges avant…une conduite calme et souple était donc préférable.

 

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