Le raid 2cv Paris-Persépolis-Paris vu par un baroudeur belge

Auteur
stardeuche
Publié le
8 septembre 2013
Mise à jour le
29 juin 2020

Aujourd’hui un nouveau témoignage du raid 2cv Paris-Persépolis-Paris, Marc Naudts, un baroudeur belge, raconte son périple dans cette interview. Tout d’abord faisant un peu connaissance avec cet aventurier.

Il est vrai que le mot aventurier lui colle bien à la peau. Il a fait de nombreux voyages avant de s’essayer aux périples en deuche. Tout d’abord, en 1969, il part au Maroc en stop assouvir sa passion de la photo. Puis en 1970, il participe à une action humanitaire en Tunisie après des inondations ayant ravagées le pays. Dans la foulée, il enchaîne pour sillonner le Sahara. En 1971 le raid Paris-Persépolis-Paris lui tend les bras et il saute sur cette occasion. Il ne s’arrête pas là puisqu’il enchaîne l’année suivante sur une expédition en Lybie et une double traversée du Sahara en 1976. Sa passion de la voile lui permet de parcourir les mers du monde et de rallier Abidjan en 1980.

Avec sa femme Martine, il voyage toujours mais de façon plus cool, dans l’esprit « un ticket d’avion, une voiture et logement chez l’habitant »

le raid 2cv Paris-Persépolis-Paris de l’intérieur…

Vous êtes un deuchiste belge (d’après l’extension .be de votre mail). La communauté belge était-elle importante pour ce raid Paris Persépolis paris ? Quelle était l’ambiance entre les équipages ?

Exact,  nous étions limités à 23 équipages, je pense pour la Belgique et le Luxembourg, à raison d’environ 2 personnes par équipages. Nous avons très vite été dispersés parmi les autres véhicules. De toute manière, l’entraide était très forte quelle que soit la nationalité et c’était magnifique de voir ces jeunes de formation parfois si différente. Voyager et s’échanger les conseils et bon plans ou intervenir physiquement.

 Comment avez-vous connu l’existence du raid Paris Persépolis Paris ?

En faisant le plein de ma 2 CV à une station service à Bruxelles, où une affiche nous invitait à défendre les couleurs de La Belgique au raid PPP. Le soir même, je me suis inscrit à la sélection sous l’œil sceptique de mes parents (j’allais juste avoir 20 ans)

 Avec quelle voiture avez-vous fait le raid ? Pouvez vous nous la décrire ? (origine, prix d’époque, travaux effectués avant le raid, numéro de la voiture, sponsors)

 Un mois avant le départ lors du passage  au contrôle technique de Citroën ,  on a constaté que le châssis  de « Cassecoup »était fissuré. Mon équipier Yves a alors trouvé  un arrangement avec Citroën, et nous sommes partis avec une méhari de 8000 KM destinée aux USA.

Voici les travaux effectués pour faire ce raid :

  • sous bassement renforcé par une tôle
  • coffres fixés à la carrosserie
  • puissant phare orientable
  • filtre à bain d’huile
  • radio stéréo sponsorisé par Pianola

nos sponsors : Citroen ,Total, Pianola, bougies champion, Jupiler (bière Belge ;)) canon et j’en oublie

en ce qui concerne notre numéro d’équipage, je ne m’en souviens plus, je dois retrouver les dias…

Aviez-vous un copilote pendant ce raid ?

 Oui, Yves, mécanicien, qui était le proprio de la méhari.

Quel est le pays traversé qui vous a le plus enthousiasmé ?

 La Turquie, pour la beauté de ses paysages au Kurdistan notamment, et  l’Iran, pour l’organisation et l’accueil de la population (incomparable avec la Turquie). Les villes d’Istanbul et Ispahan.

Avez-vous une anecdote à nous faire partager sur le raid ?

Oh oui, plusieurs d’ailleurs. En voici déjà deux : 

contrôle militaire en Turquie

En Turquie, en pleine montagne, à un barrage, deux soldats ont tenté de nous prendre des cigarettes. Comme on s’y refusait, ils ont demandé nos passeports, et les ont lus très attentivement… mais à l’envers en nous posant des questions en Turc. Lorsqu’ils sont arrivés à la photo dans le mauvais sens, ils se sont rendus compte de la situation et n’ont plus rien exigé.

rencontre avec papagayo

Lors de notre arrivée à Istanbul, jour de repos, vu la circulation, nous avions laissé les véhicules à un camping à une quinzaine de km. Nous avons (deux français et moi) pris un taxi pour descendre dîner en ville. En chemin, le conducteur a embarqué une personne d’une cinquantaine d’années, bien habillée, qui s’est mise vite à nous parler dans un français impeccable de ses études en France. Très rapidement, nous lui avons demandé conseil pour un bon petit resto. Il nous conseille un petit restaurant sympathique et demande au chauffeur de nous y déposer. Il a payé la course, en nous disant “dîtes que vous venez de la part de papagayo”. Nous sommes arrivés devant un casino, on s’est dit “en voilà un qui va toucher sa commission”. Nous sommes montés au resto sur le toit au deuxième étage avec une vue magnifique sur le Bosphore. Nous avons bien dit que nous venions de sa part, et avons commandé modestement des poissons grillés et du vin. On a eu l’apéro, du vin , encore du vin… servis comme des rois (cela nous changeait du cassoulet sur le bord de la route). Bref, à l’addition, rien à payer… ???…qui est Papagayo demande-t-on ? c’est le gérant du casino nous dit-on. Comme on n’avait rien dépensé, on a repris un taxi voir les danses du ventre, non mais….. Mais malheureusement, on n’a plus rencontré un autre papagayo.

Avez-vous toujours été fan de 2cv ?

Cela a été ma première voiture, et on en a fait des choses…

 Aujourd’hui roulez-vous avec une 2cv ou autres dérivés ?

Non, mais lorsque j’en vois passer une, j’ai un frisson ;). Les méharis sont devenues plus rares chez nous.

 Après le raid, avez-vous réalisé un autre voyage ou un raid en deuche ?

Non, pas en 2V, pour des raisons d’assistance, mais en Land Rover, nous avons fait une double traversée du Sahara en solitaire : Bruxelles, Abidjan, Bruxelles en 1976… Une 2CV seule ne permettait pas de transporter, le carburant, l’eau nécessaire.

En 1973, le raid Afrique m’attirait beaucoup, mais je n’ai pas pu déposer ma candidature. Ce périple était réservé aux Français… quelle frustration!!

coupure de presse d’époque de notre baroudeur avec sa méhari : le raid 2cv Paris-Persépolis-Paris

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